Vendredi soir, 20h. Camille et moi piétinons sous le chapiteau Vigipirate en attendant de pouvoir intégrer le hall de test de la Switch, dernière console en date de Nintendo. Après avoir prouvé notre valeur au travers de différences patentes, nous empruntons enfin les escaliers qui conduisent à l'espace dédié à la console, en jetant un coup d'oeil aux derniers tweets vidéo-projetés sur les murs. L'un d'eux, écrit tout en majuscules, annonce rageusement que vraiment Nintendo, le online payant ce n'est pas très gentil (nous vous livrons la version censurée Pegi 7 du tweet). On se dit que la régie n'a sans doute pas eu trop le temps de trier les tweets.
Et là, s'ouvrant sous le feu des projecteurs: le salon.
Les organisateurs avaient eu l'intelligence de venir faire tester la console sur des sessions de 2h tout au long de la journée, donnant lieu à une affluence très modérée au moment de notre visite.
Si vous étiez branchés sur notre page Facebook ce jour là, sans doute avez-vous pu participer à notre Live du Salon (vous excuserez mon élocution qui tient plus de Ségolène Royal que de Cicéron). Dans tous les cas , vous pouvez toujours le consulter pour avoir un petit aperçu de l'ambiance.
Du multi avant tout
Oui mais alors la Switch, bien ou bien? Comme d'habitude, il est un peu prématuré de se prononcer sur la valeur d'une console alors qu'elle n'est qu'au banc d'essai. Le salon donnait toutefois le ton sur différents aspects qui ressortaient mieux que d'autres. La première chose, en vue des titres dévoilés ici, c'est qu'encore une fois Nintendo a choisi de s'affirmer dans l'édition de consoles "familiales", et orientées vers le jeu en groupe. En groupe, et non pas forcément online. À l'heure où le jeu vidéo a adopté le multi en ligne, Nintendo favorise encore le multi "à la maison", toujours dans une optique plus familiale et chaleureuse.
Les jeux comme Arms ou 1-2 Switch renouent avec la tradition des mini-jeux familiaux propulsés par la grande époque de la Wii. La quasi-totalité du salon pouvait en témoigner: en dehors de Zelda, la plupart des titres présentés (Super Bomberman, Splatoon 2, Mario Kart 8 Deluxe, Snipperclips...) étaient orientés vers une tradition gaming plus grand public et coopérative.
Bien ou mal? Si la firme peut sembler en porte-à-faux de la PS4 et de la One avec sa politique plus familiale, peut-on vraiment critiquer l'alternative qu'elle offre contre ses deux concurrentes? Le pari risqué est plutôt celui qui consiste à s'appuyer sur des licences vieilles de 30 ans, avec autour d'elles une cour de petits jeux qui n'auront pas forcément un impact retentissant. Mais comme on vous le dira plus loin, quoi que vieillissante, la licence Zelda a encore du fil à retordre avec cette nouvelle console.
Dans le ventre de la bête
On ne présente plus la Switch: un processeur Nvidia Tegra, 32Go de stockage dont une part consacrée au système, un affichage télé en 1080p et en 720p sur tablette, un format de jeu en cartouche et en dématérialisé...
Avant de nous souvenir de toutes ces choses, nous avons d'abord pu considérer ce qu'il en était, manette en main. Il faut d'abord remarquer que la console est très petite, beaucoup plus que ce dont elle pourrait avoir l'air en photo. Les Joycons (les manettes détachables de la tablette) se révéleront assez minuscules pour les grosses mains, même si du reste le maniement est très agréable: la tablette est très légère et moins encombrante que le Gamepad Wii U, et surtout, son affichage est parfaitement calibré. Sur Zelda, les horizons s'affichent avec la même profondeur, même si l'on déplore peut-être une infime baisse de l'intensité des couleurs.
Mais la plus belle réussite, c'est la fluidité avec laquelle on passe de l'écran télé au jeu tablette, rien qu'en la décrochant de son socle. La latence est à peine de quelques secondes, et le jeu reprend sans aucun freeze.
La manette Switch Pro-Controller partage beaucoup de points communs avec celles de la famille Wii, ce qui ne devrait pas dépayser les habitués.
Alors certes, on peut grincer des dents face au prix des accessoires de la Switch. Malgré tout, un prix de lancement à 329.99€ nous a paru assez raisonnable dans la mesure où la console s'affirme avec un design pro et une qualité très loin de celle du gadget.
Et Zelda?
Eh oui, Zelda? Eh bien, croyez-le ou non, malgré son âge, la licence arrive encore à nous impressionner. Nous savions que c'était voulu, mais Breath of the Wild se dégageait très nettement des autres jeux proposés au salon. Et ce à juste titre. On fera ici l'impasse sur les "Wouaaah" "Oh comment c'est trop beau" et autres "Omg" qui nous ont retourné la tête lorsque nous avons essayé le jeu. Mais sans trop insister, le jeu est magnifique à voir avec sa profondeur de paysage, son choix de couleurs toujours soigné, et une ambiance sonore plus qu'immersive. Les thèmes au piano qui inaugurent l'entrée de jeu rappelleront aux amateurs de Ghibli certaines harmonies chères aux studios.
On a particulièrement apprécié le côté très interactif de la nature environnante, le fait de grimper, sauter, se rattraper à une façade, de pouvoir escalader les moindres recoins... On savoure la sensation de pouvoir s'égarer dans la Plaine du Prélude sans trop savoir où l'on se situe, escalader une colline, et voir au loin dépasser la pointe du Clocher qui nous indique la distance parcourue. Et toujours dans cette ambiance très sereine et onirique, soulignée par l'usage du cel-shading. Si l'on voulait pinailler, on dirait que certaines textures en 2D sont un peu fixes, et que les ombres au sol s'aliasent facilement. À vous de voir maintenant si cela vous gâchera l'aventure ou non.
L'apport de cet aspect très RPG, voire très RPG-occidental (monde ouvert, loot et craft, personnalisation vestimentaire de Link...) risque de nous surprendre, peut-être pour le meilleur. Dans tous les cas, pour un jeu de lancement, Zelda: Breath of the Wild se démarque très nettement du reste. Certes, Nintendo n'a pas intérêt à s'endormir dessus et va devoir se motiver à éditer des licences attractives pour supporter sa console. Mais on ne peut nier que la Switch part avec un beau potentiel qui a largement de quoi être exploité.
To conclude
Malgré son caractère très traditionnel, Nintendo s'est souvent posé comme laboratoire du jeu vidéo, avec la marge d'erreurs que cela impliquait. De notre côté, nous avons choisi de laisser un bénéfice du doute favorable à la Switch, qui a tout le potentiel pour nous apporter un très bon lot de jeux après l'aventure houleuse de la Wii U.
Les plus:
- Prise en main intuitive et agréable
- Affichage de la tablette de très bonne qualité
- Fluidité parfaite dans le passage de la télévision à la tablette
- Le Zelda laisse présager du très, très bon...
Les moins:
- ...Même si, d'accord, il semble un peu tout seul. Pour le moment.
- Prix des accessoires de la console qui peut alerter les personnes émotives.
- Pas mal de N°2 updatés et de jeux de soirées au lancement. On aime ou pas.