lundi 22 mai 2017

[Test] Dragon Quest Builders

dragon-quest-builders-day-one-edition-headerLa comparaison était inéluctable. Des blocs, des pelles et des truelles, et bien sûr, des possibilités de construction presque illimitées... Dragon Quest Builders partait avec un lourd fardeau assemblé par Minecraft, auquel il emprunte un certain nombre de traits dominants. Le plus intéressant toutefois, cela va évidemment être de voir quelles singularités la licence Dragon Quest a apporté au célèbre jeu de construction.


Vous êtes joueur de Minecraft et vous vous jetez sur tous les avatars de cette licence comme la vérole sur le bas clergé?
Minecraft c'est bien, mais les histoires c'est mieux?
On voit tout de suite si Dragon Quest Builders est fait pour vous!
Un mot technique avant de commencer: le jeu a été testé avec la version Asian en boîte de la Ps Vita, seule version non-dématérialisée (sur PS Vita) intégralement en français. La version occidentale basique a été publiée uniquement en dématérialisée sur le PSN. Nous ne saurions trop vous conseiller, si vos moyens vous le permettent, de mettre la main sur cette excellente version portable en boite.
  • Sortie Europe: 14 octobre 2016
  • Genre: Action RPG/Construction
  • Pegi: 7
  • Editeur: Square Enix
  • Plateforme: PS4, PS Vita

Retour en Alefgard

Et là, c'est non pas à Minecraft mais bien à Dragon Quest qu'il faut se référer pour comprendre où vous venez d'arriver. En effet, Dragon Quest Builders est un spin-off assumé du tout premier Dragon Quest sorti sur Famicom (n.d.l.r: la Nes japonaise) en 1986. Cet opus vous confrontait à Dragonlord, qui à la toute fin du jeu vous proposait de vous partager le monde d'Alefgard en deux pour en dominer chacun une moitié. Si à la fin du premier Dragon Quest vous décliniez bien évidemment cette offre, dans cette version vous êtes tombé dans le piège de la tentation de Dragonlord qui s'est empressé de tout anéantir, vous et le monde.
Dragon Quest Builders, c'est donc l'histoire de... de... eh bien, de vous juste, dans la tradition des héros anonymes de la série Dragon Quest. Vous débarquez sous les traits d'un garçon ou d'une fille (personnalisable, un peu) dans le monde ravagé d'Alefgard où le héros précédent s'est gentiment fait jeter dehors par Dragonlord, et où tous les habitants on perdu leur pouvoir créatif. Non seulement tout est en ruine, mais en plus personne ne sait comment y remettre de l'ordre. Mais ce qui vous distingue vous, nouveau Héros, du commun des mortels, c'est que vous êtes un Bâtisseur, et que vous possédez donc les clés architecturales, botaniques, culinaires, et bien d'autres, pour savoir comment remettre ce monde sur pieds.
C'est le premier trait, et l'un des plus déterminants, qui confère son charme à ce "Minecraft-like": son histoire. La licence a toujours su produire des récits agréables à suivre, et celui-ci n'est pas en reste même s'il n'est pas du niveau d'un Dragon Quest VII. Mais dans tous les cas, il est bien rythmé et servi par des dialogues qui ne manquent pas de piquant.
Ici, il ne s'agit donc pas que d'empiler des blocs parce qu'il faut bien trouver quelque chose à faire et se protéger des mobs qui en veulent à votre intégrité. On retrouve là le subtil travail japonais qui consiste à donner du sens et de l'organisation à quelque chose qui sans cela ne serait qu'un bac à sable. Attention, loin de nous l'idée de critiquer la dimension démiurgique du Bac à Sable. Simplement, il faut souligner que l'apport d'un scénario à ce type de jeu de construction n'enlève rien à son charme, et donne même des cadres à ceux qui se sentiraient perdus devant l'incommensurable potentiel d'un Minecraft.

Au début, la cité de vos rêves ressemblera plutôt à un site de fouilles dans Jurassic Park (crédits: idigitaltimes)

Pics, Pioches, creusons la roche à coups de pics, de pioches

Le principe est simple: la ville est détruite, et comme vous avez des idées, c'est à vous de la reconstruire. Plus vous rassemblez des matériaux, plus les idées vous viennent pour créer de nouveaux objets et/ou du nouvel équippement. En agrandissant votre ville, de nouveaux habitants vont venir s'y installer, et comme vous leur servez de modèle, eux aussi vont vous fabriquer plusieurs petites choses qui viendront enrichir votre inventaire.
En plus de la trame principale (reconstruire la ville), vous serez orientés par un certain nombre de quêtes fournies par les habitants, qui permettront d'orienter votre parcours au travers de la quête principale (en vous poussant à explorer un peu). A l'extérieur de la cité, dans le vaste monde sauvage, des monstres pourront également vous proposer des défis à relever. Prêtez-leur bien attention, ainsi qu'à l'urbanisme de votre cité: à la fin d'un chapitre, le nombre de points de votre ville et le soin apporté aux quêtes détermine le score que vous allez obtenir. Mais ça, c'est seulement si vous voulez avoir une bonne note.
On constate très vite que le mode Histoire, en dépit de sa ligne directrice, offre une très grande liberté au joueur: pas de contrainte de temps, à moins que vous ne fassiez le jeu en scoring, pas de gros obstacles insurmontables à l'exploration... Son côté loot de matériel et craft est très facile à prendre en main, et offre pas mal de possibilités. On regrette parfois un peu de ne pas trouver plus de recettes plus vite, mais c'est aussi ce qui tient en haleine pour donner libre cours à votre imagination: ville-immeuble, ville jardin, ville médiévale... à vous de choisir le visage que vous voulez donner à votre cité, tant que cela entre dans les limites de l'espace consacré à la ville.

L'espace dédié à votre ville est restreint: à vous de l'optimiser pour remporter le plus de points (crédits: playstationlifestyle)
Quoi! Un jeu de construction où je n'ai qu'un carré de 100 mètres sur 100 pour créer? Nul.
Eh bien non, car là encore, Dragon Quest a pensé à vous. Une fois passé le premier chapitre du mode histoire, vous débloquerez le mode Terra Incognita, un vaste espace où vous serez libre de créer tout ce que vous voudrez, sans limite. Le mode Histoire vous proposera de construire une ville par chapitre. Le mode Terra Incognita vous laissera faire ce que vous voulez, avec la possibilité de partager vos créations en ligne. C'est là la grande force du jeu, d'avoir rassemblé sous un même étendard du jeu de construction cadré par un scénario et du pur Bac à Sable détente, histoire de passer de l'un à l'autre quand on en a assez.

En Terra Incognita, vos seule limites sont celles de la puissance de la console (crédits: gamona)
La construction elle-même reste assez ludique, quoiqu'avec toujours ces défauts de précision inhérents à ce type de jeu: plutôt que de retirer simplement un bloc ou un objet, il faut le briser avec son arme, ce qui fait que pour détruire une simple jarre dans un coin vous avez vite fait d'atomiser l'angle de votre maison avec. Ceux qui se lanceront dans la construction en hauteur avec des dallages dans le vide vont souffrir de ce problème très relou de cassage de blocs à la machette. Ajoutez à cela la phrase "Pas assez d'espace!" qui vous fera grincer des dents surtout durant les combats de boss. D'autant que la caméra, du moins sur la version Vita, est très rapidement casse-pieds et a tendance à mal se positionner, surtout quand vous êtes fermés dans une pièce (on vous voit en pointillé de l'extérieur mais il faut jongler avec le repositionnement qui ne marche pas toujours... trop près ou trop loin). En parlant des combats, c'est un autre point mou du jeu: ils ne sont pas sensas'. Disons, vraiment pas. Après, c'est un jeu de construction, on n'allait pas leur demander des combats à la Fire Emblem. Mais bon, il faut le dire, il s'agit juste taper avec une épée, rien d'autre. En dehors du petit scoring de points à la fin de chaque chapitre, on ne peut pas dire que le jeu offre un challenge de cauchemar.

Attention aux pièces fermées: la caméra ne les aime pas du tout (crédits: dualshockers)
Un mot sur les musiques, également très décevantes: un, allez, deux thèmes, qui vous suivront jusqu'à ce que mort s'en suive. Mais bon, vous pouvez jouer dans le métro sans regret, c'est déjà ça. Sachez quand même que le chapitre 3 vous réserve une petite surprise pour les amateurs des musiques de la licence

Mot de la fin

On ne va pas pinailler. Dragon Quest Builders est un jeu de construction vraiment extra, et ce que l'on aime être cadré ou que l'on préfère être libre de faire ce que l'on veut. On pourrait lui reprocher de ne vraiment pas proposer trop de contraintes, en particulier avec ses combats non stratégiques. Mais cette difficulté inapparente, c'est au final à nous, joueurs, de nous l'imposer à travers la création de villes toujours plus fabuleuses et bariolées. Le jeu a marié à la perfection son côté Minecraft assumé et son univers traditionnel. Il est en plus de ça très drôle avec des dialogues qui se moquent très souvent des clichés imposés aux héros des RPG. On ne saurait trop vous conseiller la version Vita, plus adaptée à des petites sessions de loot et de construction qui peuvent sembler un peu répétitives à la longue. En dépit de son manque de précision, le jeu se prend très vite en main et l'on a beaucoup de plaisir à rassembler les matériaux pour découvrir les nouvelles recettes que leur possession apporte. Alors certes, il n'aura pas le vaste potentiel d'un Minecraft et de ses nombreux serveurs, et vous serez parfois limités dans vos réalisations. Mais il n'en demeure pas moins un très bon jeu pour qui souhaite s'essayer à la construction. Gardez à l'esprit que vous êtes autonomes et que c'est à vous de créer votre challenge. Le jeu vous offre un cadre, à vous de le remplir.
Si vous avez aimé les Ateliers, Animal Crossing, les Rune Factory et autres Harvest Moon, Dragon Quest Builders n'attend plus qu'une petite place dans votre collection.
Si vous aimez la licence Dragon Quest et que vous vous attendez à des combats aux possibilités multiples contre des Boss imbattables, oubliez. Si vous n'avez aimé de Dragon Quest que son Alchimarmite, vous pouvez continuer dans cette voie.
Si vous aimez Battlefield, je pense que vous avez cliqué ici par erreur.
Le jeu en tirets:
+ Monde très mignon et coloré, fidèle à la licence Dragon Quest.
+ Système de craft qui se prend très rapidement en main.
+ Gameplay dual, qui ravira les amateurs de bac à sable et ceux qui préfèrent un vrai mode histoire.
+ Possibilités de construction très vastes.
- "PAS ASSEZ D'ESPACE"
- Caméra à la masse, précision à la massue
- Certains jeux Magnavox demandaient plus de stratégie que les combats de Dragon Quest Builders.
- Les deux thèmes du jeu sont un peu crispants au bout de 70h à se les coltiner